Patrimoine religieux emblématique de la région, l’Abbaye de Melleray est le témoin vivant de plus de 900 ans d’histoire. De cet ancien monastère cistercien, il demeure que, depuis 9 siècles, ce lieu a pour vocation première de chercher et louer Dieu par la liturgie, la méditation et le travail.

Du XIIe au XVe siècle
fondation et repli

Tout commence l’année 1134, lorsque Foulques, abbé de Pontron en Anjou, envoie deux moines vers le pays de Bretagne chercher un lieu convenable pour implanter un nouveau monastère. Une dizaine d’années plus tard, en 1142, un second groupe de moines vient établir la fondation en y construisant des bâtiments conventuels.
La création du monastère voit ainsi le jour grâce à la volonté de l’abbaye mère et les donations des membres de la seigneurie locale.

Le 1er novembre 1147, le Pape Eugène III promulgue une bulle confirmant l’institution de l’abbaye. Plus de 38 ans après, le 7 août 1183, l’église abbatiale est consacrée par Robert, évêque de Nantes, et Guilhenoc, évêque de Vannes.
Les siècles suivants, l’abbaye alterne entre des périodes de fastes et de décadences étroitement liées aux évènements temporels en cours, la guerre de Cent Ans venant tout particulièrement jeter le trouble au cœur de la vie monastique.

L’héritage cistercien

L’ordre cistercien
Né à la fin du XIe siècle, dans le contexte du renouveau spirituel connu sous le nom de la réforme grégorienne, l’ordre cistercien se veut un retour aux sources de la vie monastique : pauvreté, simplicité et mise à l’écart du monde sont de rigueur. Les moines obéissent alors à une règle de vie stricte établie par Saint Benoît au VIe siècle. Les journées sont rythmées principalement par les célébrations des 8 offices liturgiques, l’étude, le travail manuel, les repas et le sommeil.

Le monastère cistercien
Conformément au modèle cistercien, l’architecture à Melleray est marquée par un dépouillement volontaire, à l’image de la vie austère des moines. L’abbaye est conçue comme une cité idéale, l’ensemble des bâtiments obéissant à une triple logique :
– logique du site : la distribution de l’eau, jugée nécessaire pour l’hygiène et les activités agricoles, dicte l’emplacement des bâtiments
– logique des tâches : les activités essentielles de la vie monacale structurent l’édifice (l’église pour la prière, le cloître pour circuler, le chapitre pour se réunir…)
– logique des hommes : le plan du monastère distingue l’espace des moins de chœur (soumis au rythme liturgique), des novices (en apprentissage de la vie monastique), des convers (voués aux travaux manuels) et des hôtes.

Du XVIe siècle au XVIIIe siècle
troubles et réformes

Au XVIe siècle, l’Abbaye de Melleray décline, avec l’instauration du système de la commende introduit en 1544, sous lequel le pape nomme, à la tête des établissements monastiques, des clercs séculiers (religieux et prêtres vivant au cœur de la société). Lors de cette période, le monastère tombe progressivement en ruine, les abbés commendataires en fonction ne subvenant plus à l’entretien des lieux ni aux besoins du culte et des moines.

Un siècle plus tard, en 1666, un second bouleversement structurel survient lorsque l’ordre des cisterciens se divise en deux mouvements : celui de la « commune observance », et celui plus austère de « la stricte observance » auquel se rattache Melleray. Entre la fin XVIIe et le milieu du XVIIIe siècle, le visage architectural de l’abbaye évolue considérablement. Un important programme de travaux est entrepris pour réhabiliter et moderniser le site : le cloître et le clocher de l’église sont restaurés ; l’aile ouest du monastère et le logis abbatial sont édifiés. Mais lorsque la Révolution éclate, Melleray est plongée dans la tourmente. En 1790, l’ordre est supprimé par l’Etat et la communauté est alors obligée de se disperser. En 1795, l’abbaye est vendue comme biens nationaux à un négociant nantais.

Du XIXe siècle à nos jours
refondations et rayonnement

Sous le régime de la Restauration, l’année 1817, la prière vient de nouveau résonner à Melleray grâce à Dom Antoine, abbé de Lulworth en Angleterre, accompagné de 57 de ses frères moines. La renaissance de la communauté joue un grand rôle dans le rétablissement de la vie monastique en France au XIXe siècle.

En s’attachant à développer des techniques agricoles innovantes, l’abbaye attire rapidement d’autres frères. En 1848, on dénombre jusqu’à 150 moines, parmi lesquels 100 frères convers. Surpeuplée, la communauté se disperse alors vers Staouéli en Algérie et Gethsemani aux Etats-Unis.

Au fil des décennies, Melleray devient un grand domaine agro-industriel. En lien avec les diverses activités agricoles (culture des champs, jardins et élevages), le domaine se dote d’un complexe industriel qui fonctionne avec l’énergie hydraulique où de nombreux métiers sont représentés : charpentiers, tanneurs, cordonniers, boulangers… La renommée du monastère s’étend ainsi dans la région jusqu’à la Belle Epoque.